Baisse du trafic routier à l’ouest de Lausanne : quelles implications pour le projet de jonction autoroutière de Chavannes ?

Une diminution du trafic autoroutier remet en question les projets de développement

Située à l’ouest de Lausanne, la sortie d’autoroute de Crissier constitue l’un des nœuds autoroutiers majeurs de la région romande, connectant Genève, le Valais et le nord de la Suisse. Elle accueille environ 100 000 véhicules par jour, ce qui engendre régulièrement des congestions et des embouteillages persistants.

Depuis 2016, un projet de réaménagement a été lancé afin d’améliorer la répartition du trafic en créant de nouvelles jonctions autoroutières à Ecublens et Chavannes. Cette initiative, estimée à 1,2 milliard de francs, visait à désengorger le secteur. Cependant, en début d’année, la commune de Chavannes-près-Renens s’est opposée fermement à l’implantation de la jonction sur son territoire, la qualifiant de projet dépassé et peu adapté à la gestion d’un des principaux goulots d’étranglement routiers du pays.

Une baisse inattendue du trafic autoroutier, un changement de perspective

Si la possibilité d’imposer la réalisation de la jonction de Chavannes a été évoquée, notamment avec le conseiller fédéral Albert Rösti, cette option a rapidement été mise de côté. Au cours des six derniers mois, le canton a analysé la situation en réalisant des comptages de véhicules au printemps. Le constat surprenant est une baisse annuelle de 0,3 % du trafic, en contradiction avec les prévisions initiales.

Les données de l’Office fédéral des routes indiquent qu’en 2030, le nombre de véhicules empruntant l’échangeur pourrait être inférieur de 25 % aux estimations de 2016. Cette tendance laisse penser que le trafic pourrait se stabiliser ou diminuer à l’avenir, malgré la croissance démographique de la région.

Une réaction enthousiaste des autorités et une réorientation des projets

Lors du dévoilement de ces résultats lors d’une réunion à Lausanne, Nuria Gorrite, conseillère d’État en charge des Transports, a qualifié cette évolution de « plutôt encourageante ». Elle a souligné que la politique favorisant le transfert modal, notamment via de lourds investissements dans les transports publics, semble porter ses fruits de manière plus tangible que prévu.

Une nouvelle stratégie pour la gestion du trafic régional

Face à ces informations, le projet de construction de la jonction à Chavannes pourrait être révisé. La solution pour le site d’Ecublens devrait, quant à elle, être maintenue. Le canton envisage désormais de mettre en place des mesures d’accompagnement spécifiques pour contrôler le trafic local en cas de retrait de la jonction à Chavannes, comme l’a expliqué Nuria Gorrite.

Pour Laurent Bovay, syndic de Crissier, cette orientation semble favorable pour adapter le projet initial. Il insiste sur l’importance d’aborder la question en toute transparence, tout en étant conscient des nuisances potentielles liées à un report du trafic.

Important à noter : le projet d’aménagement doit encore faire face à un recours déposé par l’Association Transport et Environnement auprès du Tribunal administratif fédéral, ce qui bloque actuellement la réalisation des nouvelles infrastructures autoroutières.

Perspectives et enjeux pour l’aménagement régional

Alors que les discussions se poursuivent, ce contexte de baisse du trafic autoroutier remet en question certains choix, tout en ouvrant la voie à une réévaluation des stratégies de gestion des flux routiers. La convergence entre les dynamiques démographiques, les politiques de mobilité douce et les défis juridiques influence désormais la planification des travaux dans la région lausannoise.