Implants médicaux : avancées, vigilance et suivi à long terme

Des dispositifs médicaux qui sauvent des vies et posent des questions de sécurité
Les implants médicaux, des pacemakers aux cristallins artificiels, en passant par les implants dentaires et les prothèses orthopédiques, ont profondément transformé la médecine et offrent des solutions parfois vitales, parfois esthétiques, comme dans le cas des prothèses mammaires.
Pour autant, le système immunitaire peut réagir à ces corps étrangers. La doctoresse Patricia Roggero, présidente de Swiss Aesthetic Surgery, rappelle : « Mettre un implant dans le corps, c’est un corps étranger ». Malgré les progrès techniques visant à ressembler au plus près à un sein naturel, sa présence demeure une réalité nécessitant une vigilance continue.
Le syndrome ASIA et ses symptômes
Certaines patientes, comme Alicia Vasquez, présentent des symptômes plusieurs années après l’installation d’implants: troubles digestifs, allergies, perte de cheveux, fatigue intense, sécheresse oculaire et douleurs généralisées. Son témoignage illustre ce type de difficultés: « Moi qui étais une grande sportive, je ne pouvais plus faire de sport. J’étais fatiguée après le travail et les tâches quotidiennes devenaient compliquées, même après douze heures de sommeil ». Le syndrome ASIA (syndrome auto-immun induit par les adjuvants) regroupe ces dérèglements diffus sans marqueur diagnostique spécifique, et le diagnostic peut être posé par exclusion.
Selon le Dr Roggero, « objectivement, somatiquement, à l’examen, on voit parfois des lésions cutanées, mais parfois on ne voit rien ». Cette absence de marqueurs clairs complique l’évaluation et la prise en charge.
ASIA : définition et défis diagnostiques
Le terme ASIA décrit des dérèglements immunologiques potentiels liés à des particules susceptibles de se détacher du silicone des implants mammaires. Les avis médicaux convergent sur l’absence d’un marqueur unique et sur la variabilité des symptômes, ce qui rend le diagnostic et la prise en charge plus complexes.
Au‑delà du silicone : des défis partagés par tous les implants
Les complications ne se limitent pas aux implants en silicone. Le Dr Michaël Papaloïzos, chirurgien de la main à Genève, rappelle qu’aucun matériau n’est parfaitement inerte et que des inflammations de bas grade peuvent persister à long terme, quel que soit le type d’implant. En cardio‑vasculaire et en orthopédie, ces dispositifs ont apporté des avancées majeures et ont souvent sauvé des vies, mais certains cas nécessitent parfois leur retrait.
« Il n’existe pas de matériaux parfaitement inertes », insiste le médecin.
Recherche et sécurité des explants
Pour comprendre ces interactions et améliorer la sécurité, des centres comme le GEPROMED de Strasbourg analysent les implants retirés afin d’identifier les mécanismes de défaillance et d’envisager des améliorations. Cette unité, unique en Europe, reçoit les explants pour éclairer les axes de sécurité et de suivi à long terme des patients, toutes catégories confondues.
La coopération entre cliniciens et ingénieurs est présentée comme essentielle pour renforcer la sécurité des dispositifs et optimiser la traçabilité et le suivi des patients à long terme.
Vers un équilibre entre innovation et sécurité
Si les implants médicaux ont permis des avancées majeures, il demeure crucial de concilier progrès et prudence: une surveillance renforcée, une meilleure traçabilité et une recherche continue sont nécessaires pour continuer à améliorer la qualité de vie des patients tout en minimisant les risques.
Reportage TV : Raphaëlle Aellig
Adaptation web : Gaëlle Bisson