Antoine Flahault: l’Europe et la Suisse, grandes puissances scientifiques à rappeler les faits

Antoine Flahault: l’Europe et la Suisse, grandes puissances scientifiques à rappeler les faits

Europe et Suisse, grands acteurs scientifiques appelés à rappeler les faits

Donald Trump a récemment déconseillé le paracétamol pendant la grossesse et a jeté le discrédit sur les vaccins. L’OMS a rapidement rectifié ces propos, mais Antoine Flahault estime qu’il s’agit d’un signal préoccupant: ce qui est nouveau, c’est que de grands États dirigent des équipes qui semblent accorder moins de confiance à la science et fondent moins leurs politiques sur les données scientifiques.

Pour lui, ce glissement est d’autant plus inquiétant qu’il vise les États‑Unis, longtemps en tête en matière d’expertise scientifique et de soutien aux pays pauvres. Grâce aux vaccins et à l’hygiène, on observe une réduction, par exemple, d’environ 50% de la mortalité chez les moins de cinq ans.

L’Europe comme rempart

Face à ce désengagement, Flahault voit en l’Europe le dernier bastion de la démocratie pour la science. « Les Européens sont une sorte de dernier rempart de la démocratie pour la science. L’Union européenne, la Suisse et la Grande-Bretagne constituent de très grandes puissances scientifiques. Elles doivent donner de la voix et rappeler les faits », affirme-t-il.

Pour l’épidémiologiste, la science n’est pas un dogme immuable mais un processus fondé sur le doute et la confrontation des données. Museler ce débat par des rumeurs infondées est dangereux. « On doit pouvoir se poser des questions, mais il faut aussi pouvoir monter sur l’estrade pour dire non, ce n’est pas vrai », résume-t-il.

Une liberté académique conservée en Suisse

Interrogé sur son départ de l’Institut de santé globale qu’il a fondé il y a douze ans, Flahault se montre serein. À l’heure de la retraite, il loue une « formidable équipe » et des institutions suisses solides.

« L’indépendance académique est respectée en Suisse, j’en ai beaucoup bénéficié. Pendant la pandémie, nous avons bénéficié d’une très grande liberté d’expression scientifique », conclut-il.

Propos recueillis par Yann Amedro

Adaptation web: ther