Défense sol-air suisse: lacunes actuelles, délais de déploiement et enjeux sécuritaires
État des lieux de la défense sol-air en Suisse
Présentement, les capacités suisses en matière de défense sol-air à courte portée reposent principalement sur 27 canons Oerlikon 35 mm et 96 lance-missiles portatifs Stinger. Ces systèmes couvrent des distances allant jusqu’à environ 4 kilomètres et des altitudes d’environ 3 000 mètres, et visent les menaces telles que les hélicoptères et les avions à basse altitude.
Cependant, ces dispositifs ne sont pas adaptés pour contrer des drones, comme ceux qui ont pénétré l’espace aérien polonais. De plus, la détection des mini-drones demeure un défi; le F-35 pourrait posséder des capteurs appropriés, mais l’appareil n’est pas attendu en service opérationnel avant la fin de la décennie. En conséquence, l’arsenal actuel ne fournit pas de défense spécifique contre les mini-drones.
Voies de réflexion et enjeux actuels
A droite comme à gauche, ce manque de préparation alimente des inquiétudes chez des parlementaires spécialistes de la sécurité nationale. Pierre-Alain Fridez, conseiller national PS/JU, rappelle qu’une attaque, terroriste ou non, sur un aérodrome demeure une possibilité et qu’il est nécessaire de disposer de moyens de détection et d’interception pour les petits drones.
Thomas Hurter, conseiller national UDC/SH, ajoute que ce domaine évolue rapidement et qu’il convient de renforcer les capacités de défense.
Défense sol-air à moyenne portée: calendrier et capacités
A moyenne portée, soit sur une plage de 40 kilomètres et jusqu’à 20 000 mètres d’altitude, la Suisse ne dispose pas encore d’une défense sol-air pleinement opérationnelle. En cas d’attaque impliquant un avion de chasse ou un tir de missile, seul un FA/18 pourrait intervenir, à condition qu’il soit déployé au moment de l’incident.
En 2024, la Suisse a acquis cinq systèmes IRIS-T de moyenne portée; leur déploiement est prévu entre 2028 et 2031, ce qui retarde leur efficacité opérationnelle face à une menace immédiate.
Le risque demeure faible, selon Pierre-Alain Fridez, mais il n’est pas nul: il est possible d’imaginer qu’un groupe terroriste, à des milliers de kilomètres, puisse envoyer un missile — une hypothèse qui ne peut être écartée complètement.
Défense longue portée et incertitudes sur le Patriot
À longue portée, soit environ 100 kilomètres et 20 000 mètres d’altitude, la Suisse ne disposerait pas d’outil prêt à contrer un missile balistique dans le cadre décrit. Le système Patriot, acquis pour répondre à ce type de menace, est toutefois soumis à un retard de livraison dû aux États-Unis, et la date d’arrivée reste incertaine.
Thomas Hurter souligne cette incertitude: on ne sait pas quand le Patriot sera opérationnel, alors que sa mise en place était présentée comme une garantie nécessaire pour la sécurité aérienne nationale.