Fantômes et illusions d’optique au Kunstmuseum de Bâle : voyage entre science, spiritisme et médias
Convergence entre science, spiritisme et médias
Au Kunstmuseum de Bâle, l’exposition Fantômes. Sur les traces du surnaturel propose une traversée des images et des idées qui ont façonné l’idée de spectre, du XVIIIe siècle à nos jours, en croisant sciences, croyances occultes et médias populaires.
Lors de l’émission Vertigo du 27 octobre, la conservatrice Eva Reifert résume l’esprit de l’événement en répondant à la question: Croyez-vous aux fantômes ? « Moi, je crois aux gens qui croient aux fantômes », affirme-t-elle.
La présentation souligne l’origine de l’image populaire du fantôme représenté par un drap blanc, conceptualisée au cours du XIXe siècle et au carrefour de l’art moderne. « La religion se retire et les gens sont en recherche de sens », précise-t-elle.
Cette perspective met en lumière une période de profondes mutations où la science, les croyances occultes et les médias — de la télégraphie aux premiers enregistrements sonores — ont nourri l’imaginaire collectif et inspiré durablement les artistes. Selon la commissaire, ce dialogue entre technique et croyance résonne encore dans notre époque marquée par une technologie fascinante et parfois déroutante.
La présentation intègre aussi des images historiques, notamment « Femme et l’esprit de leur mari », d’Édouard Isidore Buguet, vers 1873-1875, tirage argentique sur papier albuminé.
Des spectres littéraires et mythologiques
Dans l’espace d’exposition, l’expérience immersive est renforcée par l’illusion d’optique Pepper’s Ghost, qui utilise un miroir semi-réfléchissant et des éclairages adaptés pour faire apparaître ou disparaître un fantôme.
On découvre de nombreuses photographies où des personnes posent avec leur « fantôme », y compris la veuve de Lincoln accompagnée de l’apparition de son mari. L’exposition aborde aussi la représentation de textures ectoplasmiques en photographie, avec des tissus blancs émergeant de la bouche ou du corps des sujets.
Une fin ouverte sur l’absence
Sur le volet littéraire, l’exposition évoque des figures du surnaturel, comme le fantôme du prophète Samuel qui, dans la Bible, apparaît pour annoncer la défaite de Saül face aux Philistins. Elle rappelle aussi le spectre du père d’Hamlet, créé par Shakespeare, qui révèle à son fils les circonstances de son assassinat.
La visite se termine par une salle vide traversée d’un courant d’air, invitant les visiteurs à tirer leurs propres conclusions sur l’expérience du surnaturel et sur l’absence.
Propos recueillis par Florence Grivel. Adaptation web: Sébastien Foggiato. Fantômes. Sur les traces du surnaturel, Kunstmuseum de Bâle, jusqu’au 8 mars 2026.