L’armée suisse conteste le stockage des données militaires sur Microsoft et réclame un cloud souverain
Contexte du recours au cloud Microsoft
Deux ans après que la Chancellerie fédérale a décidé de transférer l’ensemble de l’infrastructure informatique de l’administration suisse vers le cloud Microsoft, les débats autour de ce choix se renforcent. Des critiques évoquent des risques pour la protection des données et pour la souveraineté numérique, soulignant que mails, calendriers et documents confidentiels pourraient transiter par les serveurs du géant américain.
Rappels et points de vigilance
La Cour des comptes fédérale a déjà sonné l’alarme sur plusieurs failles, citant notamment un manque d’évaluations de sécurité et une classification parfois floue des documents sensibles.
Une opposition marquée de l’armée
Toutefois, l’armée est celle qui oppose le plus frontalement ce projet. Selon une enquête de Republik, le chef de l’armée, Thomas Süssli, aurait adressé le 18 septembre une lettre à la Chancellerie fédérale dans laquelle il décrit les outils Microsoft 365 comme « inutilisables » pour les forces armées, estimant que près de 90 % des données militaires sont classifiées et donc inéligibles à un stockage sur le cloud.
Vers une solution souveraine
Il plaide pour une stratégie de sortie du contrat avec Microsoft et pour le développement d’une solution cloud souveraine réservée à l’armée. À titre d’exemple, l’armée autrichienne a remplacé les services Microsoft par la suite libre et open source LibreOffice, et certains organismes allemands explorent aussi des alternatives.
Regards européens et risques potentiels
Malgré ces réticences, de nombreux gouvernements européens continuent de recourir à Microsoft, y compris pour des données sensibles. Certains experts considèrent cette dépendance comme risquée, évoquant un éventuel accès du gouvernement américain ou un verrouillage du système. En cas de crise, Washington pourrait exiger la suspension des services Microsoft.